Transition vers les carburants alternatifs pour les camionnettes de livraison

Prohire est l’une des plus grandes sociétés de gestion de flotte de véhicules utilitaires au Royaume Uni, qui intervient dans les secteurs de la restauration, de la gestion des déchets, de la logistique, ou encore de la distribution. Fervent défenseur des carburants alternatifs, la société a créé ProGreen, une division entièrement consacrée aux camionnettes de livraison neutres en carbone.

Michelle Miles, directrice de ProGreen, et Patrick Skelly, directeur général de Prohire

Nous avons demandé à Michelle Miles, directrice de ProGreen, et à Patrick Skelly, directeur général de Prohire, de nous donner leur avis sur la situation du marché et des technologies pour les camionnettes de livraison alimentées par des carburants alternatifs.

Le marché des camionnettes de livraison est-il prêt à abandonner le diesel ?

Michelle Miles : Le Covid a bouleversé pas mal de choses, et notamment la perception des gens. Ils ont commencé à prêter davantage attention à ce qui nous attend pour l’avenir, et les sociétés ont mis l’accent sur la responsabilité sociale d’entreprise, ou RSE. Nous n’en sommes plus au stade de primoadoptant : les sociétés accélèrent la transition de leurs flottes.

Patrick Skelly : Nous avons commencé à planifier le développement de notre offre de véhicules électriques en 2019 et avons créé ProGreen en 2020. À l’heure actuelle, toutes les sociétés cherchent, d’une manière ou d’une autre, à réduire leur empreinte carbone et à améliorer le volet RSE, bien souvent par le passage à l’électrique. Toutefois, beaucoup ne savent pas par où commencer.

Si je comprends bien, votre rôle consiste également à formuler des recommandations pour vos clients ?

M.M. : Tout à fait. Nous sommes extrêmement fiers de ne pas nous contenter de fournir un véhicule. Nous disposons des connaissances et de l’expérience nécessaires pour accompagner nos clients dans leurs choix d’infrastructure (installation de chargeurs, de réservoirs, etc.) et les informer sur les caractéristiques des véhicules ; ainsi, ils n’ont pas besoin de faire appel à dix fournisseurs différents.

Quelle est la part de véhicules électriques dans votre flotte aujourd’hui ?

P.S. : Environ 10 %. Il y a un an, elle ne représentait que 1 %, et elle devrait être à nouveau multipliée par dix d’ici un ou deux ans. Les dépenses d’investissement sont élevées, jusqu’à trois fois le prix d’un véhicule essence, mais c’est aussi notre rôle d’aider les sociétés à faire les bons comptes : parfois, le passage à l’électrique ne coûte presque rien.

Vous voulez dire que les économies réalisées peuvent être supérieures au prix d’achat d’un véhicule électrique ?

P.S. : Tout dépend de l’utilisation du véhicule. Nous fournissons des estimations sur-mesure grâce à notre logiciel interne de télématique afin d’estimer le coût de la transition du diesel à l’électrique, ainsi que des conseils sur la meilleure solution en termes d’autonomie, de puissance, etc. À Londres, par exemple, si on tient compte du péage urbain (dont les véhicules à faibles émissions sont exonérés) et des économies de carburant, le passage à l’électrique n’est pas seulement moins cher, il est bien plus avantageux que le prix d’achat du véhicule.

La réglementation locale incite donc fortement les sociétés de livraison à passer à l’électrique ?

P.S. : Oui. Les péages urbains et les zones à faibles émissions se multiplient dans la plupart des villes britanniques et européennes, donc ce n’est pas uniquement une question de coût : l’accès des véhicules thermiques aux centres-villes pourrait être interdit dans les années à venir.

Les véhicules électriques sont le fruit de la technologie à faibles émissions la plus avancée, mais ce n’est pas la seule...

P.S. : Tout le monde surfe sur la tendance des véhicules électriques, mais nous ne nous limitons pas à cette technologie. Nous travaillons avec des fournisseurs sur un vaste éventail de technologies, ce qui nous permet d’avoir une vision globale de ce qui existe. D’après moi, l’avenir, c’est l’hydrogène.

M.M. : En fait, il faut faire évoluer les mentalités et les technologies qui prévalent depuis des décennies. C’est une tout autre manière de penser. Une nouvelle génération de responsables des aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) prend progressivement place dans les entreprises, et ce sont eux les moteurs de la transition vers les carburants alternatifs.

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