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Tous les chefs d’entreprise ne rêvent pas de transmettre leur entreprise à leurs enfants ou au plus offrant. Parfois, leur chemin croise celui d’un salarié consciencieux et travailleur qui devient un successeur « naturel ».
Prenons la direction de Martigues, dans le sud de la France, à 40 km à l’ouest de Marseille, pour rencontrer Gérard Loubet (l’ancien gérant de Transbennes), Freddy et Rosy (les dirigeants actuels), et Rémy Vandenbussche (leur fils, conducteur chez Transbennes). Un échange animé un beau matin d’été à l’ombre des palmiers.
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De gauche à droite : Juan RODRIGUEZ, Françoise DOBIGIES, Kevin RODRIGUEZ, Roberto TRECASSE, Alain PEREZ, Pascal COLOMBANI, Rosy VANDENBUSSCHE, Freddy VANDENBUSSCHE et Rémy VANDENBUSSCHE
Pouvez-vous vous présenter à tour de rôle ?
Gérard : Je m’appelle Gérard Loubet. J’ai 72 ans et demi et je suis un heureux retraité. J’ai commencé ma carrière dans le transport à l’âge de 18 ans, en partant de rien. Je savais ce que je voulais : un Scania tout neuf, que j’ai loué. À l’époque, on pouvait partir de rien ; ce n’est plus le cas aujourd’hui.
J’ai créé la société de transport Transbennes en 1986.
Freddy : Je m’appelle Freddy Vandenbussche. J’ai exactement 10 ans de moins que Gérard, c’est-à-dire 62 ans et demi (rires). J’ai servi dans l’armée belge pendant six ans avant de devenir conducteur poids lourd longue distance.
J’ai commencé chez Transbennes comme conducteur en 1996.
Rosy : Je m’appelle en réalité Carmen, mais tout le monde m’appelle Rosy. Je suis l’épouse de Freddy et la codirigeante, avec lui, de la société Transbennes depuis 2013.
Rémy : Je suis le fils de Freddy et Carmen. J’ai eu 30 ans cette année. J’ai passé mon permis poids lourd en 2013 et j’ai commencé à travailler chez Transbennes dans la foulée : c’est assez cocasse, me direz-vous, pour quelqu’un qui a le mal des transports... sauf lorsque je conduis, bien sûr !
Gérard, pouvez-vous nous résumer brièvement l’histoire de Transbennes jusqu’à votre départ en 2013 ?
Gérard : J’ai créé Transbennes en 1986 à Martigues. Je travaillais avec mes deux frères, Jacques et Alain, qui étaient actionnaires et conducteurs au sein de la société. Dix ans plus tard, j’ai racheté Transki, une petite entreprise de transport de marchandises spécialisée dans les courtes distances. J’ai fusionné les deux sociétés pour former une flotte de sept poids lourds.
La même année, en 1996, j’ai embauché Freddy comme conducteur.
J’ai vite compris qu’il était consciencieux et travailleur. J’ai alors décidé de lui donner un coup de pouce et de lui déléguer certaines responsabilités. Je savais que, tôt ou tard, j’allais prendre ma retraite et je n’ai qu’une fille, qui n’avait pas l’intention de reprendre l’entreprise.
Je recevais des offres de clients qui voulaient racheter Transbennes. Lorsqu’on crée une société à partir de rien, sa transmission n’est pas uniquement une question d’argent. Il y a aussi une part émotionnelle... et je suis un sentimental !
Les conducteurs savaient que Freddy allait prendre ma succession. La transmission de Transbennes à Freddy et Rosy s’est donc faite tout naturellement en 2013.
Lorsqu’on crée une société à partir de rien, sa transmission n’est pas uniquement une question d’argent. Il y a aussi une part émotionnelle...et je suis un sentimental !
Gérard Loubet, Ancien gérant de Transbennes
Freddy et Rosy, comment s’est passée la transmission ?
Freddy : Je ne vais pas vous mentir : lorsque j’ai officiellement pris la succession de Gérard, ça a été l’enfer. Les autres conducteurs étaient jaloux, même s’ils savaient depuis des années que j’allais reprendre l’entreprise.
Rosy : Ils pensaient que Gérard nous avait tout simplement donné l’entreprise...
Freddy : Rosy se réveillait en pleine nuit. Les gars nous ont fait la misère. Ils ont quitté la société l’un après l’autre. Puis Rémy est arrivé, et nous avons reformé une bonne équipe de conducteurs chevronnés.
Comment vous répartissez-vous le travail aujourd’hui ?
Freddy : Je tiens à souligner que c’est Rosy qui a obtenu le certificat d’aptitude professionnelle. La reprise de Transbennes a vraiment été une affaire de famille.
Aujourd’hui, je m’occupe du matériel et des conducteurs. Le côté administratif et les aspects juridiques sont l’apanage de Rosy. Cela fait trois ans maintenant que Rémy m’assiste dans la gestion des relations avec les conducteurs et les clients.
On peut dire que la direction se fait en trinôme.
Notre maître-mot, c’est l’entraide à tous les niveaux.
Freddy Vandenbussche, Gérant de Transbennes
Rémy, est-ce qu’il va de soi que vous reprendrez l’entreprise ?
Rémy: J’aime ce que je fais. Je suis plus exigeant avec moi-même qu’avec les autres conducteurs. Je ne veux pas avoir l’image du fils du patron qui pense pouvoir s’en tirer à bon compte. Je gravis les échelons petit à petit. Aujourd’hui, je suis le conducteur qui a le plus d’ancienneté dans la société. Mais je ne me mets pas de pression : advienne que pourra...
Freddy, est-ce important pour vous que l’entreprise reste dans la famille ?
Freddy : Si c’est le cas, tant mieux, mais sinon, ce n’est pas grave. Chez Transbennes, il n’y a pas un patron ou une patronne, ou le fils du patron ; il y a simplement une équipe d’hommes et de femmes (Rosy et une conductrice) qui travaillent dans la bonne humeur. Notre maître-mot, c’est l’entraide à tous les niveaux.
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Carte d’identité de Transbennes
· Créée en 1986 par Gérard Loubet
· Date de transmission à Freddy et Rosy Vandenbussche : 201
· Nombre d’immatriculations : 18 en tout (10 camions-bennes et 8 véhicules tracteurs)
· Nombre de salariés : 9
· Secteur d’activité : transport de chaux et de calcaire à 85 %
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